Anatomie
Le nerf radial arrive au fond du sillon bicipital externe. Il se divise au niveau de la tête radiale en donnant :
- la branche superficielle sensitive qui poursuit son chemin en compagnie de l’artère radiale, à la face profonde du muscle brachioradial
- La branche profonde motrice, qui se dirige plus en arrière vers l’arcade de Frohse entre les 2 chefs du court supinateur à 2 cm au-dessous de l’interligne radio-huméral. Elle est surcroisée par l’artère radiale récurrente. Elle donne des collatérales au court extenseur radial du carpe et au muscle court supinateur.
Après être passée sous l’arcade de Frohse, la branche motrice du nerf radial donne des rameaux musculaires pour la loge postérieure de l’avant-bras et le nerf interosseux antébrachial postérieur qui innerve la face dorsale du carpe (d’où la possibilité de douleurs irradiées au poignet).
La terminologie anglo-saxone désigne comme nerf interosseux postérieur toute la branche motrice du nerf radial.
Les atteintes de la branche postérieure motrice
La littérature est assez confuse sur le sujet. On parle de syndrome du tunnel radial, de syndrome du nerf interosseux postérieur, de syndrome de l’arcade de Frohse… Nous avons essayé de simplifier la présentation.
Avant le passage sous l’arcade de Frohse, la branche motrice peut être comprimée par :
- Une arcade fibreuse au bord inférieur de l’extenseur radial du carpe
- Des éléments tendino-aponévrotiques dépendant de l’articulation radio-humérale
- Une anse vasculaire récurrente venant de l’artère radiale
- Ou des éléments pathologiques : kyste, tumeur…
Puis vient la compression, plus classique, au niveau de l’arcade de Frohse.
Deux tableaux cliniques
La forme paralysante
Elle est classiquement provoquée par une compression à l’arcade de Frohse. Elle peut apparaître après des mouvements répétés de prono-supination.
La main et les doigts sont tombants, mais le brachio-radial et l’extenseur radial du carpe (chef long) sont préservés.
La forme douloureuse
Elle est aussi appelée syndrome du tunnel radial ou syndrome du nerf interosseux postérieur. Elle entre dans le cadre des épicondylalgies dont la cause peut être tendineuse (épicondylite), ostéoarticulaire (radio-humérale) ou neurologique (branche postérieure du nerf radial).
- Douleur irradiant au dos de l’avant-bras, parfois jusqu’au poignet.
- Recrudescence nocturne.
- Résistance aux infiltrations de l’épicondyle. On n’infiltre pas le nerf radial avec les corticoïdes, mais on peut faire un test antesthésique.
- Palpation étagée : épicondyle, radio-humérale, branche motrice.
- Tests cliniques : douleur à l’extension-pronation passive, à la supination résistée, à l’extension contrariée du 3ème doigt.
Bilan ENMG
Recueil
Sur l’extenseur propre de l’index, au dos de l’avant-bras, en regard de l’ulna, à 4 travers de doigts au-dessus de la styloïde ulnaire. La référence est placée au poignet.
Stimulation :
- A l’avant-bras, entre extenseur radial du carpe et extenseur commun des doigts
- Au pli du coude, appuyer fort dans le sillon entre le brachioradial et le bord latéral du tendon du biceps.
Les nerfs à stimuler sont en situation profonde, masqués par les muscles. Il faut généralement une forte intensité de stimulation, autour de 40 mA, pour obtenir une réponse correcte.
Réponse :
Les réponses normales ont généralement un forme bien franche, d’aspect souvent rectangulaire ou presque.
- Latence au coude en général < 5 ms
- VCN >= 50 m/s
- Faire un examen comparatif.
- Il est rare de trouver un ralentissement important.
- On peut faire des mesures en pronation forcée et en supination contrariée, mais ceci est rarement contributif.
EMG à l’aiguille :
Pour le diagnostic positif :
- Extenseur commun des doigts et extenseur propre de l’index. Souvent des anomalies discrètes : nombreux polyphasiques, parfois un peu d’accélération.
Pour le diagnostic différentiel :
- Brachioradial et rond pronateur : pour différencier d’une atteinte C6
- Triceps et grand palmaire : pour différencier d’une atteinte C7
Le syndrome du tunnel radial : une nosologie contestée
Les douleurs épicondyliennes constituent une pathologie capricieuse, volontiers chronique et rebelle à tous les traitements.
Les douleurs d’enthésopathie sont assez faciles à authentifier à l’examen échographique qui montre une altération des fibres tendineuses et un signal d’hyperhémie inflammatoire à l’écho-doppler. L’infiltration de corticoïde in situ apporte un soulagement, mais la récidive est fréquente. Une injection de PRP est alors proposée. Les ondes de choc sont souvent mal supportées et peu efficaces.
Une fois que l’on a fait le tour des traitements médicaux, la question d’une participation d’un syndrome du tunnel radial est posée devant la constatation d’une vive douleur sur le trajet de la branche motrice du nerf radial, une irradiation à caractère neuropathique au dos de l’avant-bras jusqu’au poignet…
La validation de cette hypothèse diagnostique est cependant difficile :
- L’imagerie échographique ou IRM peut montrer, de manière très inconstante, des signes d’altération ou de déviation de la branche postérieure.
- L’ENMG est sujet à caution : il est exceptionnel de trouver un ralentissement franc de la conduction. On peut trouver une petite différentielle (0,5 ms) de latence au coude malgré des valeurs absolues dans les limites de la normale. L’examen ENMG ne montre jamais d’activité de repos et le caractère neuropathique des tracés volontaires est difficile à établir objectivement. Il n’y a pas d’appauvrissement-accélération des UM, les UM sont souvent polyphasiques, même chez des sujets normaux, examinés pour d’autres raisons.
Certains chirurgiens ont renoncé à pratiquer des neurolyses du nerf radial. D’autres continuent de les pratiquer en dernier ressort.